Theses

Casanova dans l'Europe des aventuriers : Une thèse de Guillaume Simiand

Thèse de Guillaume Simiand parue en 2016
À première vue, ce livre aborde l'Histoire de ma vie de Giacomo Casanova (1725–98) sous l'angle restreint de la petite société interlope d'aventuriers qui sillonnaient l'Europe du dix-huitième siècle. On y retrouvera effectivement plusieurs noms d'aventuriers qui ont laissé une trace dans l'histoire des cours, des prisons et des bas-fonds européens: Alexandre de Tilly, Joseph Balsamo (dit comte de Cagliostro), le comte de Saint-Germain, Lorenzo da Ponte ou Charles de Beaumont (dit chevalier d'Éon). Mais en fait, le livre de Guillaume Simiand constitue une étude détaillée de la vie et de l'immense œuvre autobiographique (écrite en français, rappelons-le) de Casanova. Initialement publié en 1825 sous le titre de Mémoires, le manuscrit de l'Histoire de ma vie a connu un destin éditorial mouvementé qui n'est pas sans rappeler divers épisodes de la vie de l'aventurier vénitien. En faisant des péripéties de sa vie un récit littéraire construit et partiellement véridique, Casanova cherchait à faire fructifier ses souvenirs, qui se rapportaient parfois à des événements glorieux ou du moins étonnants: 'Le récit "héroïque" chez l'aventurier vise à convertir ce qu'on pourrait nommer un capital narratif, corpus d'histoires vécues et toutes prêtes à faire l'objet d'un récit, en capital symbolique ou financier' (p. 338). Comme Simiand le précise de façon convaincante, le long texte de Casanova n'a pas qu'une valeur anecdotique. L'individu 'libre' qu'est Casanova incarne à la fois une réalité sociale (certes quelque peu marginalisée) et, à travers sa vie aventureuse, un topos littéraire que Simiand compare avec raison à la tradition picaresque et à des œuvres comme Moll Flanders (1722) de Daniel Defoe: 'L'Histoire de ma vie n'est en aucun cas un roman; mais elle porte en elle un fragment de l'essence secrète du romanesque, l'exaltation que fait ressentir l'ouverture vertigineuse d'un univers de possibilités' (p. 599). Parmi les thématiques minutieusement analysées par Simiand, on trouve le jeu, source de revenus mais également métaphore révélatrice de ce que l'on pourrait appeler la philosophie de l'aventurier vénitien, son attitude face à la vie: 'Le jeu est pour Casanova plus qu'un rite social. Il est un véritable mode de vie, qui s'ancre dans ses premières années vénitiennes' (p. 166). Simiand examine également l'importance des voyages, de l'argent, du courage physique, et bien sûr de l'amour dans l'Histoire de ma vie. De façon générale, qu'il soit joueur, séducteur ou même escroc, le Vénitien voyageur jette un regard qui se veut lucide sur ses contemporains et sur les paradoxes de la moralité à l'intérieur des sociétés qu'il traverse: 'Par ce double biais, le misanthrope et le fourbe hardi, Casanova se déclare donc deux fois connaisseur de la nature humaine' (p. 127). Si les mémoires de Casanova ont l'avantage d'offrir un point de vue original sur de nombreux aspects de la vie quotidienne en Europe (et particulièrement en France) au dix-huitième siècle, Simiand consacre des pages fascinantes de sa conclusion à la descendance socioculturelle de l'aventurier: du dandy aux traders, de la bohème aux hackers. Le livre de Simiand est à recommander à tous ceux qui s'intéressent à la littérature et la culture du siècle des Lumières.

Le Polemoscope : Une thèse de Sophie Vanderheyden


Une thèse de Sophie Vanderheyden :


"Le Polémoscope ou la calomnie démasquée par la présence d’esprit” de Giacomo Casanova. Edition critique. Mémoire de master en langues et littératures françaises et romanes non publié, Université de Liège, Liège, sur Groupe d’étude du dix-huitième siècle et des révolutions de l’Université de Liège (GEDHSR).

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Casanova, instituteur de morale : Une these de Séverine Denieul

Résumé : Cette thèse se propose d'étudier l'interaction existant entre connaissance de soi, des autres et du monde dans l'Histoire de ma vie de Casanova. Souvent considérée comme un immense « tableau de mœurs » de la société du dix-huitième siècle, on a pourtant peu évalué ses dimensions historiques, sociologiques et philosophiques. Or, elle constitue une étape intéressante dans l'histoire littéraire, tout en occupant une place à part : en effet, le Vénitien n'est ni un moraliste au sens classique du terme, ni un théoricien des mœurs comme Voltaire. Son œuvre parvient pourtant peut-être mieux que ces deux modèles à rendre compte de la complexité du réel, et ce grâce à une « science des mœurs » (telle qu'elle a par exemple été théorisée par Charles Duclos dans ses Considérations sur les mœurs de ce siècle) qu'il expérimente non seulement sur lui-même, mais aussi sur autrui. Casanova entretient néanmoins l'ambiguïté sur ses intentions : faut-il prendre au sérieux cet « instituteur de morale » qui prétend livrer à ses lecteurs un « miroir magique » pour qu'ils puissent s'y mirer et, éventuellement, se corriger ? Il convient d'examiner comment se crée cet ethos de l'instituteur dans les écrits philosophiques critiques de Casanova (l'Essai de critique sur les sciences, sur les mœurs et sur les arts, notamment) et dans quelle mesure cette construction de soi peut s'appliquer à l'Histoire de ma vie. Ceci nous amène à un troisième niveau d'analyse : celui qui met en jeu les interactions entre les fictions de soi (et, au premier chef, les modèles romanesques) auxquelles Casanova fait appel pour rendre compte de la réalité dans ses Mémoires et la théorisation qu'il fait de sa propre expérience.

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Casanova en mouvement : Une thèse de Sophie Rothé

Sophie Rothé explore dans cet ouvrage un des paradoxes qui jalonnent les écrits de Giacomo Casanova (1725-1798). Imprégné de philosophie éclairée, le chevalier de Seingalt exprime son mépris pour les pratiques superstitieuses. Pourtant il devient charlatan et met ses talents théâtraux au service de la duperie, développant ainsi une « esthétique de la superstition ». Au cours de son existence, en particulier lors de l’expérience des Plombs, l’imposteur devient victime de ses craintes irrationnelles. Incapable de fixer ses convictions, ses prises de positions philosophiques demeurent contradictoires. Passant des attraits de la raison aux plaisirs de la croyance, l’aventurier s’abandonne plaisamment au mouvement, non seulement avec les femmes mais aussi en littérature et en philosophie
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